vendredi, 22 juin 2007
SILENCE, MADAME !
Ségolène Royal reconnaît avoir dû défendre des idées qu'elle jugeait ”pas crédibles”
Un aveu de mensonge, de manque de sincérité, de médiocrité. Comment accorder quelque crédibilité à quelqu’un qui, après avoir eu la prétention de gagner la confiance des Français pour accéder au pouvoir suprême de la République, reconnaît, une fois la défaite venue, qu’elle avait soutenu des idées qu’elle ne partageait pas, pris des engagements dans lesquels elle ne croyait pas et qu’elle se sentait prisonnière des archaïsmes et des ”retards” de son parti ?
Scandaleux ! Fatal pour les idéaux qu'elle prétend incarner. Désirs brisés. Et avenir bouché...
Je n’ai jamais été tendre pour Mme Royal. mais je n'ai pas encore été assez sévère.
Mon intuition était bonne : quelque chose, en elle, sonnait faux. Même dans ses prestations les moins mauvaises. Mon analyse était fondée : son ”désir d’avenir” était plus un désir de pouvoir être que de pouvoir faire. Et la consistance, la cohérence et la pertinence de son ”pacte” ne résistait guère à un examen attentif. Rocard, DSK et d'autres l'ont vu, mais bien peu ont eu le courage de le dire.
La petite reine de la Star'Ac.... qui ment
Transformée durant la campagne interne du P.S. en femme-objet marketing, en tête de couvertures glacées des magazines, en vedette des plateaux télé, bref en petite reine de la Star’Ac de la politique-spectacle, celle qui ”s’autorisait tout” s’est permis de mentir à ses militants, à ses supporters et aux Français .
Le Smic à 1 500 euros, généralisation des 35 heures. Y en a-t-il d’autres ? Selon Mme Royal, ”ce sont des idées qui ne sont pas crédibles, pas cohérentes avec le projet socialiste”. Elle a ”dû les reprendre dans son pacte présidentiel”, a-t-elle précisé, lors de l'émission de LCP. La pauvre... Elle a du défendre des causes indéfendables ! Les avocats peuvent (et doivent) se le permettre : pas les candidats à l'Élysée ! Se trahir soi-même sur l'autel de ses propres ambitions, c'est le comble de l'arrivisme.
Parlant du Smic à 1 500 euros brut en cinq ans, ”qui est une idée phare de Laurent Fabius”, Mme Royal a rappelé que la mesure n'était pas évoquée dans sa ”profession de foi”. Ce qui ne l'a pas empêché de crier : ”je m'engage à...”, sous les applaudissements de la foule des militants enthousiastes. Cependant, a-t-elle ajouté comme pour s'auto-excuser, ”certaines mesures (étaient) en même temps politiquement fondées : le message politique était de dire que les socialistes sont favorables à une augmentation des bas salaires”. Ah oui ! Et comment ?
Parallèlement à ces aveux, Mme Royal a aussi estimé que l'entrée dans le gouvernement Fillon de personnalités de gauche ou issues de la diversité devait ”interpeller le P.S.. Cela doit faire réfléchir. Je pense que la gauche a été en retard, les socialistes ont été en retard”, a-t-elle affirmé. Sur ce point, elle a raison.
Mais qui a écœuré Besson, qui a découragé Kouchner, qui a méprisé Bockel (comme tous ceux qui ont présidé en région ses comités de soutien) ? C'est bien elle, Mme Royal. Et c'est elle encore qui s’est voulue cheftaine de ce train en retard. Qui ne semble pas prêt de se remettre sur les rails d'une ”volonté d'avenir”.
Évoquant l'idéologie socialiste, l'ex-candidate à l'Élysée a jugé qu'il fallait ”remettre en cause un certain nombre de choses”. Selon elle, il faut ”tout revoir de fond en comble, y compris le vocabulaire”. Elle s'est dite ”favorable à ce que les militants soient le plus rapidement possible appelés à trancher une ligne et des priorités” car ”sinon, il y a un risque d'inertie” et de départ des militants.
L'aveu de mensonge n'efface pas le mensonge
Tout cela est vrai. Mais l’aveu d’un mensonge n’efface pas le mensonge, la tromperie, l’escroquerie intellectuelle et morale. La première ligne, c’est la clarté des engagements et la sincérité des discours. La priorité des priorités, c’est l’honnêteté intellectuelle de celles et de ceux qui prétendent guider le peuple et gouverner le pays.
Le P.S. vient d’aggraver son cas. Gravement. Vraiment très gauche et maladroit. Intrinsèquement. Pathétique, Royal. Pathétique, Hollande. Et leurs histoires de cœur n’ont rien à voir avec tout cela.
Les cocus, ce sont ceux qui ont fait confiance à une candidate qui renie ses propres engagements. Qu’aurait-elle bien pu faire une fois à l’Élysée ? Elle n’a pas implosé en vol, contrairement à ce que le simple bon sens aurait voulu, durant la campagne. C’est vraiment dommage.
Son tort n’est évidemment pas d’avoir, aujourd’hui, raison sur le fond. Mais d’avoir osé se présenter en agitant un drapeau qu’elle voulait ou aurait du aussitôt piétiner ou déchirer.
Autres mensonges : les fausses excuses
J’observe par ailleurs cette mascarade de fausses excuses que déploie avec force ce quarteron de députés, aujourd’hui réunis sous le label d’un faux ”nouveau centre” - qui n’est autre qu’une annexe en puissance de l’UMP - et qui ont quitté Bayrou en prétendant que celui-ci se serait prononcé entre les deux tours des présidentielles ”en faveur de Mme Royal” ! C’est dégoulinant d’hypocrisie et de mensonge. Si Bayrou avait voulu soutenir Mme Royal au 2ème tour, il lui suffisait simplement d’accepter sa proposition d’être son Premier Ministre - comme cela lui a été proposé publiquement à maintes reprises - et, dans ce cas, ce n’est probablement pas Mr Sarkozy qui serait aujourd’hui à l’Élysée mais Mme Royal, et François Bayrou qui serait à Matignon à la place de Mr Fillon. Mais Bayrou, plus fin politique que ces députés qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur circonscription, avait en effet jugé le côté artificiel du programme de Mme Royal et n’a donc pas favorisé l’élection de cette dernière. Et c’est fort heureux ainsi. Mais l’appétit de la gamelle l'a emporté avant tout : on ne change pas facilement le monde, même celui de ses propres amis.
Pour donc en revenir à mon plaidoyer initial contre toutes les formes de mensonges....
Je suis donc désolé, Mme Royal : vous n’êtes guère crédible aujourd'hui (et votre parti non plus) pour critiquer Mr Sarkozy. S’il est là où il est, s’il peut jouer les ”Bonaparte de l’Élysée”, c’est d’abord grâce, ou à cause, de vous. Mr Sarkozy avait raison : vous avez été et vous restez sa ”meilleure ennemie”.
Alors silence, Madame ! On tourne votre page. Avec gravitude.
10:50 Publié dans SOCIÉTÉ | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : UDF, Politique, Bayrou, Mouvement Démocrate, Débats de Société
Commentaires
Certes, elle quitte le navire, mais elle prend un risque politique consenti, à tenter la scission du PS. Ce n'est pas d'une adresse politique extraordinaire, mais au moins elle prend des risques.
Le courage est une vertu politique de moins en moins partagée.
Écrit par : THIBAULT | dimanche, 24 juin 2007
Qu'en est il des Français dans cette période entre un PS aux luttes intestines sanglantes et un UMP arrogant?
C'est bien au MODEM qu'il va appartenir de proposer ,montrer à nos concitoyens que la POLITIQUE est leur affaire car ce spectacle consternant est bien dommageable pour la DEMOCRATIE. Notre devoir est de construire une confiance entre tous les citoyens.
Écrit par : Jean Marie LACOUR | lundi, 25 juin 2007
Le problème du PS, c'est qu'il n'a plus ni "idéologie", qui à défaut de pouvoir lui donner une mobilité lui donnait un cap, ni regard vers l'avenir. Il n'a plus d'ancrage dans le passé: Adieu Blum, Jaurès et les grands hommes de gauche! Le PS ne sait plus que faire de cet héritage. Et l'héritage s'étant envolé, le PS n'est plus qu'u rentier dont le capital s'amaigrit de jour en jour, de petite phrase en petite phrase, et le bel "appartement" rue de Solférino devient le théâtre de scènes à la Feydau. Le PS se donne en spectacle, faute d'avoir à proposer quoi que ce soit. Sans avoir le courage de se moderniser. Sans avoir le courage de faire un "retour" sur son histoire. Le PS ne se pense plus. Le PS ne pense plus.
Le PS a tout fait pour torpiller le PC - qu'il maintient cependant sous perfusion, ainsi que les verts -. Résultat: plus de réserve de voix à gauche! L'éléctorat tenté par le message révolutionnaire s'est tourné vers l'extrême droite, et lassé que l'on fasse appel à sa colère sans apporter de solution à son désespoir, il apporte son soutien à Sarkozy, qui flatte ses peurs et le manipule selon son bon plaisir.
La seule voie possible pour réunir les Français, apaiser leurs craintes et les tourner vers l'avenir, c'est le Centre. Le Centre impartial qui n'a pas besoin d'une idéologie, qui ne veut pas d'un pouvoir sans limite pour faire passer les réformes d'un chef de clan, qui considère que seule la démocratie et le mouvement pourront nous faire sortir des méandres où nous nous trouvons. Le Centre qui réfléchit, pense, discute, dialogue. Le Centre qui ne simplifie pas tout, mais tente de comprendre les Français dans la diversité de leurs qualités, de leurs angoisses, de leurs attentes.
Écrit par : Clémence LACOUR | mercredi, 27 juin 2007
J'apprécie tes propos. Mais encore une fois (je me repete un peu trop, non?...) que penses tu dans les mots comme la pensée, d'essayer de ne même plus parler ou penser Centre pour toutes sortes de raisons qui renvoient à la droite et à la gauche, qui d'une certaine façon resterait en lien avec ce manichéisme cérébral dont on a tant de mal à se dégager ?... Le MODEM ne peut il pas être simplement le MODEM ? (je me repete encore, je sais... hi !) " les bons projets, les bonnes décisions, les bonnes lois, ne sont ni de droite ni de gauche, ni du centre. ce sont seulement les bonnes solutions pour les Français". Je sais que cette option est la plus difficile pour François Bayrou et les élections d'ici 5 ans (sauf peut-être la présidentielle) car les electeurs ont tellement l'habitude d'avoir besoin d'une référence presque spatiale des projets tellement rassurante. On entend parler de positionnement de droite, de gauche, ou du centre sur "l'échiquier politique" comme disent les politiques ou les médias. Essayer en étant une des pièces de l'échiquier politique de jouer différement de mon point de vue n'est pas suffisant. En ce qui me concerne, je crois que le changement demande à sortir du cadre dans lequel on joue. En l'espèce, le MODEM pourrait il donc sortir du cadre de l'échiquier politique dont il ne serait qu'une pièce en continuant de parler et penser comme Centre, pour essayer d'être "simplement" (oui j'ai conscience du caractère paradoxal de ce mot) L'ECHIQUIER EN LUI MEME, où le déplacement des pièces ne sont pas de droite de gauche de diagonale, de 2 pas en avant et un de coté, mais simplement le bon déplacement nécessaire et suffisant des pièces pour gagner la partie?.... ERIC30
Écrit par : Éric CHARTIER | dimanche, 01 juillet 2007
D'un autre côté le mot "centre" n'est pas une injure, ni une contre vérité. C'est la racine du mouvement. Mais il est vrai que le centre a longtemps été synonyme de "centre mou", d'annexe voire d'alibi à la droite. Là, je comprends que le mot gêne.
Ce n'est plus du tout de la même démarche dont il s'agit.
Peut-être devrais-je dire tout simplement "le milieu". Le milieu, ce n'est pas quelque chose de statique. Au contraire, c'est un "passage", une sorte de lieu de rencontre où les "contraires", du moins la multiplicité des sensibilités cherchent à se comprendre et à se rejoindre.
Tenir le milieu, c'est tenir le cap.
Notre mouvement, même s'il est mouvement, même s'il a vocation à faire bouger les lignes, n'a pas à regrouper en lui toute la vie politique française. Ca, c'est la volonté de M. Sarkozy.
Maintenant, je comprends ce que tu veux dire par "être l'échiquier lui-même". Tu veux dire, faire la place à toutes les sensibilités. Eh bien! pour moi, le centre, c'est ça. Ce n'est pas le tronc d'un arbre, mais l'arbre tout entier: de ses racines à ses feuilles, dont nous faisons partie.
Écrit par : Clémence LACOUR | lundi, 02 juillet 2007
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